L’Agence nationale de la sécurité des systèmes d’information (ANSSI) a conduit une enquête en 2023 pour mieux comprendre l’attractivité et la perception des métiers de la cybersécurité. Cette étude s’inscrit dans un contexte où la transformation numérique continue de s’intensifier, tout comme la fréquence des cyberattaques, imposant aux entreprises et aux institutions publiques de renforcer leurs capacités en matière de sécurité des systèmes d’information (SSI). Pourtant, malgré la demande croissante pour des professionnels qualifiés, le secteur fait face à une pénurie de talents, exacerbée par des difficultés de recrutement.
L’importance stratégique des métiers de la cybersécurité
L’enquête révèle que les professionnels de la cybersécurité sont presque unanimes sur l’importance de leur domaine. 82 % d’entre eux considèrent que la cybersécurité est un secteur d’importance majeure, créateur d’emplois et offrant de réelles opportunités de carrière. En effet, 95 % des répondants affirment que le secteur propose des métiers d’avenir, innovants et diversifiés. Ce dynamisme est reconnu par les professionnels comme une opportunité non seulement en termes d’emploi mais aussi de développement personnel, à travers des défis techniques et intellectuels stimulants.
Cependant, les résultats de l’enquête soulignent également certains défis. En dépit de l’attrait que représente ce secteur, les professionnels sont plus partagés sur des aspects comme la reconnaissance sociale des métiers ou encore l’équilibre entre vie privée et vie professionnelle. Environ 60 % des répondants considèrent que leurs conditions de travail sont bonnes, mais ils ne sont que 41 % à estimer que leur métier permet de concilier vie professionnelle et vie privée. De plus, la reconnaissance sociale des métiers de la cybersécurité reste limitée, avec seulement 63 % des répondants affirmant que leurs métiers sont valorisés.
Portrait des professionnels de la cybersécurité
L’enquête met en lumière les profils variés des professionnels de la cybersécurité. La majorité des répondants sont des hommes (84 %), avec une répartition des âges assez équilibrée : 18 % ont moins de 30 ans, 24 % sont âgés de 30 à 39 ans, 32 % ont entre 40 et 49 ans, et 26 % ont plus de 50 ans. Ils exercent principalement dans des entreprises de taille importante (40 % dans des structures de plus de 5000 salariés), même si 38 % travaillent dans des entreprises non spécialisées en cybersécurité.
En termes de parcours, près de la moitié des professionnels ont débuté leur carrière dans le domaine de la cybersécurité (« natifs cyber »), tandis qu’un tiers provient d’autres secteurs liés à l’informatique et au numérique. Cette diversité montre que les parcours pour accéder à ces métiers sont variés, offrant des opportunités aussi bien pour des profils techniques que pour ceux provenant de domaines connexes comme le droit, la gestion ou le marketing.
Défis de reconnaissance sociale et conditions de travail
L’enquête met également en exergue certains défis concernant la reconnaissance et les conditions de travail des professionnels. Alors que le secteur est perçu comme innovant et dynamique, les retours sont plus mitigés sur les salaires et la reconnaissance sociale. En effet, seulement 42 % des répondants estiment que les salaires sont attractifs, et seuls 21 % se sentent valorisés socialement. La pression des astreintes et la nécessité d’être constamment réactifs face aux incidents de sécurité ajoutent une dimension contraignante à ces métiers, surtout pour ceux impliqués dans la gestion de crise.
Les métiers du conseil semblent mieux valorisés, avec un meilleur équilibre entre vie professionnelle et privée. Cependant, les métiers de gestion de la sécurité et de la conception des systèmes d’information sécurisés sont jugés moins valorisés et souffrent davantage d’un manque de reconnaissance.
Différences de perception entre professionnels et jeunes en formation
L’un des objectifs de cette enquête était de confronter la vision des professionnels avec celle des jeunes en formation. Il en ressort des disparités notables. Si les jeunes en cursus cybersécurité partagent globalement une vision positive du secteur, l’enquête révèle qu’ils perçoivent les métiers de manière plus isolée et technique. 66 % des étudiants associent les métiers de la cybersécurité à des activités solitaires, un stéréotype encore très ancré, alors que seulement 30 % des professionnels partagent ce point de vue. De plus, les jeunes accordent moins de poids aux aspects relationnels et à l’utilité sociale de ces métiers, qui sont pourtant reconnus comme essentiels par les professionnels.
Ces écarts de perception montrent l’importance de développer des actions de communication pour mieux faire connaître la diversité des métiers de la cybersécurité, et ainsi corriger les stéréotypes négatifs.
Actions pour attirer et fidéliser les talents
Les résultats de l’enquête permettent d’identifier plusieurs pistes pour améliorer l’attractivité des métiers de la cybersécurité. Les professionnels interrogés soulignent la nécessité de mieux communiquer sur la diversité des métiers, notamment en dépassant l’image du « hacker en capuche ». La sensibilisation dès le plus jeune âge, en introduisant des modules sur la cybersécurité dans les cursus scolaires, est également perçue comme un levier clé pour attirer de nouveaux talents.
Le développement de l’alternance, des formations spécifiques, et la mise en avant d’opportunités de carrière sont d’autres actions plébiscitées par les professionnels. En outre, pour fidéliser les talents, il semble primordial d’améliorer les conditions de travail, avec plus de flexibilité et une meilleure conciliation entre vie privée et vie professionnelle. Le télétravail et l’amélioration de la rémunération sont cités comme des leviers importants.
Vers une attractivité renforcée des métiers de la Cybersécurité : enjeux et perspectives ?
L’enquête de l’ANSSI souligne la vitalité et l’attractivité du secteur de la cybersécurité, tout en révélant les défis à relever pour attirer et fidéliser les talents. Alors que les professionnels expriment un réel enthousiasme pour leurs métiers, ils soulignent également des difficultés liées à la reconnaissance sociale et à l’équilibre entre vie professionnelle et privée. Pour combler la pénurie de compétences, il est essentiel de communiquer davantage sur la diversité des métiers et de travailler à l’amélioration des conditions de travail.
Dans un monde où les cybermenaces ne cessent de croître, renforcer l’attractivité des métiers de la cybersécurité est crucial pour garantir la protection des infrastructures numériques. Cette enquête offre des pistes concrètes pour faire de la cybersécurité un secteur encore plus attractif, tout en répondant aux besoins du marché du travail.