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Active Directory : un géant longtemps négligé

par | 17 Fév 2025

Longtemps perçu comme un simple outil de gestion des identités dans les environnements Windows, l’Active Directory (AD) est aujourd’hui au cœur des enjeux de sécurité et de gouvernance des systèmes d’information. Son omniprésence dans les infrastructures IT a conduit à une prise de conscience tardive de son importance et des risques associés à une mauvaise configuration.

Un héritage historique : de LDAP à Active Directory

Avant l’ère Active Directory, les entreprises utilisaient des solutions d’annuaire disparates, souvent complexes à gérer. LDAP, apparu dans les années 1990, a rapidement émergé comme un standard pour l’authentification et l’organisation des identités numériques. Microsoft a capitalisé sur cette technologie en intégrant Active Directory à Windows 2000, offrant ainsi une solution centralisée, robuste et compatible avec son écosystème.

Ce positionnement stratégique a permis à AD de s’imposer face à des alternatives comme OpenLDAP et Novell eDirectory. Sa facilité d’intégration avec les services Windows et sa compatibilité avec des standards de sécurité tels que Kerberos en ont fait un outil incontournable.

Une omniprésence dans les infrastructures IT

Depuis sa création, Active Directory (AD) est devenu une cible privilégiée pour les cyberattaquants en raison de son rôle central dans la gestion des identités et des accès au sein des entreprises. Comprendre l’évolution des techniques d’attaque permet de mieux se préparer et de renforcer la sécurité de son infrastructure.

Compromission des identifiants

L’une des premières méthodes utilisées par les attaquants consiste à obtenir des identifiants valides pour accéder au réseau. Cela peut se faire via du phishing, des enregistreurs de frappe (keyloggers) ou l’exploitation de mots de passe faibles. Une fois les identifiants obtenus, l’attaquant peut se déplacer latéralement dans le réseau et escalader ses privilèges.

Attaques Pass-the-Hash

Apparues au début des années 2000, les attaques Pass-the-Hash permettent à un attaquant d’utiliser le hash (empreinte) d’un mot de passe pour s’authentifier sur le réseau, sans connaître le mot de passe en clair. Cette technique exploite la manière dont Windows gère les authentifications et reste une menace persistante.

Utilisation d’outils spécialisés

Avec le temps, des outils dédiés à l’exploitation des vulnérabilités d’AD ont été développés :

Mimikatz : Créé en 2007, cet outil permet d’extraire des identifiants en clair, des hashes et des tickets Kerberos depuis la mémoire, facilitant ainsi les attaques Pass-the-Hash et Pass-the-Ticket.

BloodHound : Apparu en 2016, cet outil cartographie les relations et permissions au sein d’un domaine AD, aidant les attaquants à identifier les chemins d’escalade de privilèges.

Techniques d’attaque avancées

Les attaquants ont affiné leurs méthodes pour compromettre AD :

Kerberoasting : Cette technique consiste à demander des tickets de service Kerberos pour des comptes disposant de Service Principal Names (SPN), puis à tenter de casser le hash hors ligne pour obtenir le mot de passe en clair.

ASREPRoasting : Similaire au Kerberoasting, cette attaque cible les comptes configurés pour ne pas nécessiter de pré-authentification Kerberos, permettant aux attaquants d’obtenir des données chiffrées exploitables pour casser les mots de passe hors ligne.

Attaques récentes et tendances actuelles

Selon un rapport de Semperis, 50 % des organisations ont subi une attaque sur Active Directory au cours des 1 à 2 dernières années, et plus de 40 % indiquent que l’attaque AD a été couronnée de succès. Les testeurs de pénétration ont réussi à exploiter les expositions AD dans 82 % des cas. Face à cette menace croissante, 86 % des entreprises prévoient d’augmenter leurs investissements dans la protection de l’AD.

Les attaques ciblant AD continuent d’évoluer, exploitant souvent des configurations faibles ou des vulnérabilités non corrigées. Il est donc essentiel pour les entreprises de maintenir une vigilance constante, de mettre en œuvre des mesures de sécurité robustes et de former régulièrement leurs équipes aux meilleures pratiques pour protéger leur infrastructure Active Directory.

Aujourd’hui, plus de 90 % des entreprises utilisent Active Directory (selon un rapport de l’Enterprise Management Associates, cité par Semperis) pour gérer les accès aux ressources et assurer l’authentification des utilisateurs et des machines. Ce succès repose sur plusieurs facteurs : la centralisation des permissions, la capacité à appliquer des politiques de sécurité à grande échelle et la compatibilité avec les applications Microsoft.

Mais cette hégémonie a également un coût. En devenant la clé de voûte des accès aux ressources et aux données, l’Active Directory est devenu une cible privilégiée des cyberattaques. La compromission d’un AD peut permettre à un attaquant de prendre le contrôle d’un réseau entier, de propager des ransomwares ou d’exfiltrer des données sensibles. Les attaques comme le pass-the-hash, le golden ticket ou encore l’exploitation des comptes à privilèges sont des menaces bien réelles qui exploitent les vulnérabilités de l’AD mal sécurisé.

Gestion avancée des stratégies de groupe (GPO)

Les stratégies de groupe (Group Policy Objects, GPO) sont des mécanismes essentiels pour gérer et appliquer des configurations à grande échelle dans un environnement Active Directory. Elles permettent de contrôler de nombreux paramètres de sécurité, de configuration système et d’accès aux ressources.

Éviter les GPO redondantes : Un trop grand nombre de GPO appliquées peut ralentir les performances du système et provoquer des conflits.

Appliquer le principe du moindre privilège : Restreindre l’accès et les modifications des GPO aux administrateurs essentiels.

Tester avant déploiement : Toujours tester les nouvelles stratégies de groupe dans un environnement restreint avant de les appliquer à l’ensemble du domaine.

Auditer régulièrement les GPO : Surveiller l’impact des stratégies et supprimer celles qui ne sont plus nécessaires.

La réplication Active Directory

La réplication d’Active Directory est un processus clé permettant de synchroniser les données entre les différents contrôleurs de domaine. Elle garantit que toutes les modifications apportées à l’annuaire, comme la création de nouveaux utilisateurs ou la modification des droits d’accès, soient correctement propagées sur l’ensemble du réseau.

Réplication intra-site : Elle se produit au sein d’un même site Active Directory et est optimisée pour une transmission rapide des données.

Réplication inter-site : Se produit entre différents sites distants et utilise une planification plus stricte pour éviter une surcharge du réseau.

Bonnes pratiques pour la gestion de la réplication

Optimiser les liens de réplication : Configurer correctement les connexions inter-sites pour minimiser l’impact sur le réseau.

Éviter les conflits d’objets : Assurer une gestion rigoureuse des modifications pour éviter les incohérences.

Vérifier la santé de la réplication : Utiliser des outils comme repadmin pour surveiller et résoudre les éventuels problèmes de synchronisation.

Intégration d’Active Directory avec le cloud

Avec l’essor du cloud, de plus en plus d’entreprises adoptent des environnements hybrides combinant Active Directory sur site et Azure Active Directory (Azure AD). Cette intégration permet d’étendre les capacités de gestion des identités et des accès aux applications cloud.

Authentification unique (SSO) : Permet aux utilisateurs de se connecter aux services cloud et locaux avec les mêmes identifiants.

Gestion centralisée des identités : Consolide l’administration des comptes et réduit les risques liés à des identités dispersées.

Sécurité renforcée : Azure AD offre des fonctionnalités avancées telles que la détection des menaces et l’authentification sans mot de passe.

Défis et précautions

Compatibilité des applications : Toutes les applications ne sont pas prêtes à fonctionner avec Azure AD.

Gestion des droits hybrides : Il est crucial de bien définir les permissions entre les environnements on-premise et cloud.

Migration progressive : Une transition trop rapide peut entraîner des perturbations dans la gestion des accès.

Automatisation et outils de gestion avancés

L’automatisation est un levier clé pour optimiser la gestion et la sécurité d’Active Directory. Plusieurs outils permettent de simplifier les tâches administratives et d’améliorer la supervision :

PowerShell pour Active Directory : Permet de gérer les utilisateurs, groupes et GPO via des scripts automatisés.

ADSI Edit : Outil avancé pour éditer les objets AD au niveau LDAP.

RSAT (Remote Server Administration Tools) : Fournit une interface complète pour gérer AD à distance.

Outils tiers comme PingCastle ou BloodHound : Permettent d’identifier et de visualiser les vulnérabilités potentielles dans un annuaire Active Directory.

Active Directory : un pilier à sécuriser !

Active Directory s’est imposé comme un standard, parfois même au détriment des autres solutions d’annuaire. Pourtant, derrière ce géant devenu incontournable, il existe une richesse de technologies et de bonnes pratiques qui méritent une attention accrue.

Comprendre son fonctionnement et ses vulnérabilités est aujourd’hui un passage obligé pour les responsables IT et les experts en cybersécurité. L’ère où l’on considérait AD comme un simple service d’authentification est révolue : il est temps d’en prendre pleinement conscience et d’adopter une gestion anticipative et sécurisée.

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