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Cybersécurité et gouvernance : comprendre les racines des défaillances

par | 15 Avr 2025

Les incidents de cybersécurité les plus marquants ne relèvent que rarement d’une simple défaillance technique. Ils traduisent le plus souvent des lacunes structurelles, mettant en lumière la manière dont la gouvernance et les arbitrages organisationnels influencent la résilience numérique.

L’alerte ignorée comme symptôme organisationnel

L’occurrence récurrente de vulnérabilités critiques non corrigées, la rétention d’information lors d’incidents ou l’absence de coordination entre équipes sont autant de signaux faibles qui, cumulés, suggèrent des failles dans le pilotage global de la sécurité. Ces éléments renvoient à des enjeux de culture d’entreprise, de hiérarchisation des priorités, ou de positionnement stratégique de la fonction cybersécurité. Le traitement réservé aux incidents révèle alors davantage l’état de la gouvernance que celui de la technologie elle-même.

Logiques de fonctionnement et points de rupture

Plusieurs dynamiques internes peuvent fragiliser la posture de sécurité d’une organisation. La dette technique, souvent reléguée au second plan pour des raisons budgétaires, génère une obsolescence progressive des systèmes. La fragmentation des responsabilités contribue à diluer les alertes et ralentir les prises de décision. Dans certains cas, l’absence d’un cadre structurant – comité de pilotage, fonction RSSI autonome – engendre des actions réactives, sans vision d’ensemble.

À cela peut s’ajouter une culture organisationnelle rétive à la remontée d’informations. Lorsqu’aucun espace n’existe pour signaler les dysfonctionnements ou émettre des doutes techniques, la capacité de réaction de l’entreprise s’en trouve amoindrie.

Exemples illustratifs : Ivanti, Fortinet, MOVEit

L’analyse de cas récents met en évidence la diversité des manifestations de ces failles managériales. L’éditeur Ivanti, à travers une succession de vulnérabilités exploitées en 2024 et 2025, interroge sur l’intégration de la sécurité dans le cycle de développement logiciel. Malgré une communication transparente, la fréquence des incidents a ébranlé la confiance du secteur.

Fortinet, de son côté, a été confronté à une persistance d’accès en lecture seule sur certains équipements, malgré les correctifs appliqués. La cause : un lien symbolique non neutralisé au sein du système de fichiers. Ce type de contournement souligne la complexité de l’environnement technique et la difficulté, pour un fournisseur, de garantir une remédiation complète sans audit transversal.

L’affaire MOVEit illustre une autre facette : celle de l’impact systémique. La faille critique ayant affecté cette plateforme de transfert de fichiers a conduit à une compromission à grande échelle. Ce n’est pas tant la faille initiale que les délais de réaction et le défaut de communication qui ont alimenté la crise.

Incidences multiples et durables

Les répercussions d’une gouvernance défaillante dans le domaine de la cybersécurité dépassent largement le cadre technique. L’image de marque peut être affectée, entraînant une perte de confiance. Les régulations en vigueur – RGPD, NIS2, DORA – exposent les organisations à des sanctions significatives. Enfin, le coût économique associé à la remédiation, aux audits, à la gestion de crise et à la perte de compétitivité est souvent sous-estimé.

Un aspect moins visible mais tout aussi critique concerne la fidélisation des compétences. Travailler dans un environnement où la sécurité est marginalisée peut inciter les experts à se tourner vers des structures perçues comme plus matures, aggravant les déséquilibres internes.

Vers une gouvernance révisée

Répondre à ces défis suppose un repositionnement de la cybersécurité dans la chaîne de décision. L’instauration d’une gouvernance claire, portée par un responsable identifié et connecté aux enjeux métiers, constitue un prérequis. Cette fonction ne peut rester cantonnée à l’IT : elle doit dialoguer avec les directions opérationnelles et stratégiques.

Par ailleurs, intégrer la sécurité dès la phase de conception – approche « security by design » – permet de réduire les risques structurels. Cela passe par des audits réguliers, des tests de pénétration et une veille constante sur les évolutions réglementaires et techniques.

La transparence organisationnelle joue également un rôle essentiel : retour d’expérience, formalisation des incidents, encouragement à l’alerte interne… Ces pratiques favorisent une culture de sécurité continue et ancrée dans les usages.

L’organisation comme levier de résilience

Les vulnérabilités informatiques sont rarement déconnectées des choix managériaux. La gouvernance – ou son absence – influe sur la capacité à anticiper, détecter, corriger et apprendre. Face à des menaces de plus en plus structurées, faire de la cybersécurité un indicateur de maturité organisationnelle devient une nécessité.

À défaut, chaque faille non traitée, chaque alerte ignorée ou chaque décision différée peut, à terme, se transformer en crise. La sécurité ne relève pas uniquement des outils, mais de la manière dont une organisation choisit de les intégrer dans sa stratégie globale.

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