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Hébergement des systèmes d’information sensibles : l’approche stratégique de l’ANSSI

par | 7 Jan 2025

En juillet 2024, l’Agence nationale de la sécurité des systèmes d’information (ANSSI) a publié un ensemble de recommandations pour guider les acteurs publics et privés dans le choix de solutions cloud adaptées à l’hébergement des systèmes d’information sensibles (SI). Ces recommandations s’inscrivent dans un contexte de transformation numérique accélérée où le recours au cloud computing s’impose comme une réponse incontournable, mais aussi un défi stratégique. Face aux opportunités et risques liés au cloud, l’ANSSI propose une méthode rigoureuse pour concilier performance, sécurité et souveraineté.

Pourquoi le cloud devient-il incontournable pour les SI sensibles ?

Les systèmes d’information sont aujourd’hui au cœur des activités des organisations, qu’il s’agisse de traiter des données stratégiques, de garantir la continuité des opérations ou de répondre aux attentes croissantes en matière d’innovation. Le cloud computing, avec sa capacité à offrir une flexibilité et une évolutivité inégalées, est rapidement devenu une solution privilégiée pour répondre à ces besoins.

Cependant, les SI sensibles nécessitent une attention particulière. Ces systèmes gèrent des informations dont la compromission pourrait avoir des conséquences graves, allant de la perte de compétitivité économique à la mise en péril de la sécurité nationale. La migration vers le cloud peut sembler être une opportunité majeure pour les organisations cherchant à réduire leurs coûts d’infrastructure ou à améliorer leur agilité. Cependant, elle expose les données à des risques nouveaux, souvent plus complexes à gérer.

Ces risques incluent également des vulnérabilités juridiques. Par exemple, certaines législations étrangères, comme le Cloud Act américain, permettent aux autorités d’un pays d’accéder aux données stockées par un fournisseur de services cloud, même lorsque ces données se trouvent en dehors de leur juridiction nationale. Cette réalité complexifie encore davantage le débat sur la sécurité des SI sensibles.

Typologie des SI sensibles et leurs enjeux

Pour comprendre l’approche de l’ANSSI, il est essentiel de définir ce que l’on entend par « sensible ». Plusieurs catégories de SI sont concernées.

Les systèmes d’information à diffusion restreinte (DR) : ces systèmes contiennent des données nécessitant une protection renforcée, mais sans relever directement de la sécurité nationale. Par exemple, il peut s’agir d’informations commerciales stratégiques ou de données financières sensibles.

Les systèmes critiques des opérateurs d’importance vitale (OIV) et des opérateurs de services essentiels (OSE) : leur défaillance pourrait affecter des secteurs stratégiques comme l’énergie, les transports ou la santé. Ces systèmes sont souvent des cibles pour des attaquants cherchant à perturber des infrastructures vitales.

Les systèmes d’importance vitale (SIIV) : ils touchent directement la souveraineté et la sécurité nationale. Une attaque contre ces SI pourrait avoir des conséquences catastrophiques pour l’État ou la population, comme une paralysie des services publics ou des atteintes à la défense nationale.

Ces distinctions permettent de définir des niveaux de risque et de menace associés à chaque catégorie. Elles justifient aussi des politiques d’hébergement adaptées, évitant des approches uniformes qui ne répondraient pas aux besoins spécifiques de chaque SI.

Une analyse fine des menaces

Les cybermenaces évoluent rapidement, et l’ANSSI en identifie plusieurs types qui doivent guider les choix en matière d’hébergement.

Les menaces stratégiques : ces attaques sont souvent menées par des états ou des organisations soutenues par des gouvernements. Elles visent l’espionnage, le sabotage ou la déstabilisation. Ces opérations, souvent discrètes, peuvent durer plusieurs mois avant d’être détectées.

Les menaces systémiques : ces menaces, souvent issues de la cybercriminalité, exploitent les failles des infrastructures partagées pour mener des campagnes à grande échelle, comme les ransomwares. Ces dernières années, des attaques de ce type ont paralysé des hôpitaux ou des collectivités locales, montrant l’impact potentiel de telles attaques.

Les menaces opportunistes ou hacktivistes : ces attaques, bien que moins sophistiquées, peuvent causer des perturbations significatives, notamment à travers des dénis de service ou des campagnes de désinformation. Elles exploitent souvent des vulnérabilités connues ou des erreurs de configuration pour atteindre leurs objectifs.

L’intensité de ces menaces varie en fonction de la nature des données et des acteurs impliqués, ce qui justifie une approche différenciée dans la gestion des risques. Pour chaque type de menace, des mesures préventives doivent être mises en place afin de réduire les surfaces d’attaque et garantir la résilience des systèmes.

Les recommandations de l’ANSSI : une boussole stratégique

L’ANSSI propose un cadre méthodologique permettant aux organisations de faire des choix éclairés. Ces recommandations se fondent sur trois grands piliers.

Qualification des offres cloud : le référentiel SecNumCloud est central dans cette approche. Il garantit qu’une solution cloud répond à des exigences strictes de sécurité. Seules les offres qualifiées assurent une protection contre les législations extraterritoriales et les cybermenaces avancées. Les entreprises qui choisissent ces offres bénéficient d’un haut niveau de confiance et de conformité.

Analyse des risques : avant de migrer un SI sensible vers le cloud, une analyse approfondie est indispensable. Cette étape permet d’évaluer les impacts potentiels sur la confidentialité, l’intégrité et la disponibilité des données. Elle peut inclure des tests de pénétration, des simulations d’attaques ou des audits de conformité.

Approche différenciée selon les SI

Pour les SI de niveau DR : les offres cloud qualifiées SecNumCloud sont fortement recommandées, notamment les infrastructures privées ou communautaires.

Pour les SI des OIV et OSE : une protection renforcée est nécessaire, avec des clauses contractuelles rigoureuses et des mécanismes de réversibilité. Cela inclut la capacité à récupérer rapidement les données en cas de sinistre.

Pour les SIIV : l’ANSSI préconise un recours quasi exclusif aux offres non commerciales ou privées, toujours qualifiées SecNumCloud.

Souveraineté et sécurité, un duo indissociable

Un des enjeux clés soulevés par l’ANSSI est celui de la souveraineté numérique. Les données sont devenues une ressource stratégique, et il est essentiel de garantir que leur hébergement ne les expose pas à des ingérences étrangères. Le référentiel SecNumCloud est ici un levier puissant, car il impose des conditions strictes, notamment l’absence de soumission aux législations extraterritoriales.

Cependant, la souveraineté ne doit pas se limiter à un cadre juridique. Elle passe également par une maîtrise technique. Cela implique des audits réguliers, une veille approfondie et la formation continue des équipes. Les organisations doivent s’assurer qu’elles disposent des compétences et des outils nécessaires pour exploiter et protéger leurs SI sensibles.

Le rôle de la formation et de l’accompagnement

L’une des limites souvent observées dans les migrations vers le cloud est le manque de compétences en interne. L’ANSSI insiste sur la nécessité d’accompagner les organisations dans cette transition. Cela inclut :

La sensibilisation des décideurs : comprendre les enjeux stratégiques pour orienter les choix technologiques. Les décideurs jouent un rôle central dans la définition des priorités et des investissements nécessaires.

La formation des équipes techniques : maîtriser les outils et mécanismes de sécurisation propres au cloud. Cela peut inclure des certifications spécialisées ou des programmes de mise à jour régulière des compétences.

L’accompagnement des partenaires : collaborer avec des experts pour s’assurer que les solutions déployées respectent les meilleures pratiques. Un dialogue régulier avec les fournisseurs est également essentiel pour anticiper les évolutions technologiques.

Une approche pour l’avenir

L’hébergement des SI sensibles dans le cloud n’est pas une simple question technologique. C’est un défi stratégique qui engage la résilience et la compétitivité des organisations à long terme. Les choix faits aujourd’hui auront un impact durable sur la capacité des acteurs à protéger leurs données et leurs opérations critiques.

2025 s’annonce comme une année cruciale pour la cybersécurité, marquée par l’essor de technologies comme l’intelligence artificielle et la généralisation des solutions cloud. Dans ce contexte, les recommandations de l’ANSSI offrent une boussole indispensable pour naviguer dans un environnement toujours plus complexe.

 

ANSSI : recommandations pour l’hébergement dans le cloud des systèmes d’information

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