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Le nomadisme numérique, adapter la sécurité à une mobilité en constante évolution

par | 10 Déc 2024

La pandémie de COVID-19 a marqué un tournant majeur dans nos façons de travailler. En un temps record, le télétravail s’est imposé comme une norme pour de nombreuses organisations, bouleversant les paradigmes traditionnels de gestion des collaborateurs et des infrastructures. Si cette transition a été motivée par une urgence sanitaire, elle a révélé les avantages, mais aussi les vulnérabilités d’un monde où le travail peut s’effectuer depuis presque n’importe où.

Dans la foulée, le nomadisme numérique – cette capacité à accéder aux systèmes d’information (SI) d’une organisation depuis des lieux variés et non maîtrisés – s’est rapidement ancré dans les pratiques professionnelles. Les domiciles, cafés, espaces de coworking, et même les transports en commun, sont devenus des extensions improvisées des bureaux. Cependant, cette évolution pose des défis de taille pour la sécurité des données. Face à ces enjeux, l’Agence nationale de la sécurité des systèmes d’information (ANSSI) a publié en 2023 un guide actualisé, offrant des recommandations concrètes pour allier mobilité et cybersécurité.

Une révolution du travail à double tranchant

Le télétravail, prolongé par le nomadisme numérique, a transformé le rapport au travail. En facilitant l’accès à distance aux ressources des entreprises, il brise les frontières physiques et temporelles du bureau classique. Cependant, cette liberté n’est pas sans conséquences. L’exemple des espaces publics, comme les bibliothèques ou les cafés, illustre bien les failles de sécurité potentielles. Les lieux ouverts au public sont des zones où les risques de vol d’équipement ou d’interception des données sont amplifiés.

Par ailleurs, cette évolution dépasse les questions techniques : elle pose des défis organisationnels et stratégiques. Comment maintenir la confidentialité des données sensibles ? Jusqu’où peut-on aller dans la responsabilisation des collaborateurs ? Ces questions rappellent que le nomadisme numérique n’est pas qu’un problème de sécurité : il redéfinit les fondements mêmes de la gestion des organisations.

Inventaire et sensibilisation, premières lignes de défense

Face à ces défis, la première étape pour sécuriser le nomadisme est de procéder à un inventaire rigoureux des métiers et applications compatibles avec ce mode de travail. Toutes les professions ne peuvent pas s’adapter sans compromis au télétravail. Par exemple, les métiers manipulant des données sensibles ou utilisant des équipements spécifiques sont souvent exclus du périmètre. Cette catégorisation n’est pas seulement technique : elle nécessite des discussions au sein des organisations pour déterminer des critères objectifs de sélection.

En parallèle, l’ANSSI met en avant la nécessité de sensibiliser les utilisateurs nomades. Une formation appropriée doit leur permettre de comprendre les risques encourus et les bonnes pratiques à adopter. Il ne s’agit pas simplement d’une obligation réglementaire, mais d’un investissement stratégique pour transformer les collaborateurs en alliés de la sécurité.

Des équipements sous contrôle strict

Le choix et la gestion des équipements utilisés en mobilité sont au cœur des préoccupations. Une pratique courante dans certaines organisations, le BYOD (Bring Your Own Device), consiste à permettre aux employés d’utiliser leurs équipements personnels – ordinateurs portables, tablettes ou smartphones – pour accéder aux ressources professionnelles. À première vue, cette approche semble séduisante : elle réduit les coûts pour l’entreprise et offre aux collaborateurs la flexibilité d’utiliser des outils qu’ils connaissent déjà.

Cependant, l’ANSSI recommande fermement de s’en écarter en raison des nombreux risques qu’elle engendre. Les équipements personnels sont difficiles à contrôler et à sécuriser. Ils peuvent être infectés par des logiciels malveillants ou configurés de manière non conforme aux politiques de sécurité de l’entreprise. De plus, en cas de perte ou de vol, ces dispositifs personnels exposent potentiellement les données professionnelles à des intrusions externes.

L’approche préconisée repose sur la maîtrise complète des postes nomades. Cela inclut l’installation d’un chiffrement des disques, garantissant que même en cas de vol, les données restent inaccessibles. La configuration de ces équipements doit également inclure des protections physiques, comme des filtres écran pour éviter les regards indiscrets ou des câbles antivol dans les lieux publics.

Cette gestion des postes nomades soulève toutefois une problématique organisationnelle : l’équilibre entre sécurité et confort d’utilisation. Les collaborateurs doivent pouvoir travailler efficacement sans être entravés par des restrictions excessives. Trouver ce point d’équilibre est un exercice délicat, mais essentiel.

La sécurisation des connexions, le VPN et la gestion des flux réseau

Dans un environnement numérique, les connexions constituent une porte d’entrée critique pour les attaquants. Le guide de l’ANSSI accorde une importance particulière aux canaux d’interconnexion. Les réseaux privés virtuels (VPN) restent un outil incontournable pour garantir un lien sécurisé entre le poste nomade et le SI interne.

Cependant, tous les VPN ne se valent pas. Les entreprises doivent privilégier des solutions robustes, intégrant des protocoles de chiffrement à l’état de l’art. En complément, la gestion des flux réseau est essentielle : les périphériques nomades doivent être configurés pour limiter les connexions non autorisées ou non nécessaires.

Dans ce contexte, l’ANSSI met en garde contre le split-tunneling, une pratique qui permet à un poste connecté en VPN d’envoyer une partie de son trafic via une connexion non sécurisée, comme l’accès direct à Internet, tout en utilisant le VPN pour accéder aux ressources internes de l’organisation. Si cette configuration peut améliorer les performances réseau en évitant de surcharger le VPN, elle introduit un risque majeur : les flux non protégés par le VPN deviennent des cibles faciles pour les cyberattaques, comme l’interception de données ou les intrusions. Pour cette raison, le split-tunneling est fortement déconseillé dans les environnements sensibles.

Authentification multifacteur, une barrière supplémentaire !

La protection des accès repose sur des systèmes d’authentification solides. L’authentification multifacteur (MFA) est aujourd’hui une norme de facto pour toute organisation soucieuse de sa sécurité. En combinant un mot de passe avec un élément physique, comme une clé USB de sécurité ou une carte à puce, la MFA réduit drastiquement les risques d’usurpation d’identité.

Mais cette mesure peut également être un point de friction pour les utilisateurs. Une réflexion sur l’expérience utilisateur doit accompagner le déploiement de ces outils, pour assurer une adoption fluide. Les technologies biométriques, bien qu’encore controversées, offrent des solutions potentiellement intéressantes dans ce domaine.

Réduire la surface d’attaque, vers des systèmes plus résilients

Au-delà des mesures de sécurité classiques, l’ANSSI insiste sur la nécessité de réduire la surface d’attaque des systèmes. Cela passe par la désactivation des fonctionnalités inutilisées, telles que le Bluetooth ou le NFC, et la limitation des privilèges des utilisateurs sur leurs postes.

La configuration initiale des postes nomades joue également un rôle déterminant. L’utilisation d’images système standardisées, configurées selon les meilleures pratiques, garantit une homogénéité qui facilite à la fois la gestion et la sécurisation.

Implications stratégiques et souveraineté numérique

Le nomadisme numérique dépasse largement les enjeux purement techniques. En arrière-plan, des questions de souveraineté numérique émergent. L’utilisation de technologies développées et hébergées localement peut offrir des garanties supplémentaires. Par exemple, le recours à des infrastructures de gestion de clés internes renforce la maîtrise des données sensibles.

De même, les entreprises doivent s’interroger sur la dépendance envers des solutions étrangères, parfois sujettes à des réglementations extraterritoriales. Dans ce contexte, le développement de technologies européennes constitue une réponse stratégique pour garantir une indépendance numérique.

Un équilibre à trouver entre la mobilité et la sécurité

Le guide de l’ANSSI fournit des recommandations essentielles pour répondre aux défis du nomadisme numérique. Mais au-delà des mesures techniques, il invite à une réflexion plus globale sur l’organisation du travail dans un monde connecté.

Concilier sécurité et flexibilité est un défi, mais c’est aussi une opportunité. Les organisations capables de transformer ces contraintes en atouts seront mieux préparées aux défis de demain. En adaptant leurs pratiques à cette nouvelle réalité, elles peuvent non seulement protéger leurs données, mais également renforcer leur résilience et leur compétitivité.

Source : Guide ANSSI, « Recommandations sur le nomadisme numérique », version 2.0, novembre 2023.

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