Guide complet : Sauvegarde & résilience quotidienne du SI
Une sauvegarde n’est pas un fichier. C’est une capacité de restauration qui doit fonctionner le jour où tout bascule.
· Identifier ce qui doit réellement être sauvegardé
· Définir les objectifs de restauration : RPO et RTO
· Appliquer une stratégie multi-niveaux : le principe du 3-2-1
· Adopter l’immuabilité : protéger les sauvegardes contre les attaques modernes
· Ne pas confondre haute disponibilité et sauvegarde
· Tester régulièrement les restaurations
· Intégrer la sauvegarde dans une démarche organisationnelle
· Construire une stratégie de sauvegarde alignée sur la résilience globale
· Conclusion
La sauvegarde du système d’information reste l’un des domaines les plus critiques et les plus sous-estimés dans les organisations. Longtemps considérée comme un simple automatisme technique, elle est devenue un pilier central de la résilience opérationnelle. Entre l’évolution des attaques, la dépendance au cloud, la complexité des environnements hybrides et les nouvelles exigences de continuité, la sauvegarde doit être pensée comme un système à part entière, exigeant, cohérent et régulièrement testé.
Ce guide présente une approche complète, accessible et directement actionnable pour structurer une politique de sauvegarde adaptée aux besoins réels de l’entreprise.
Identifier ce qui doit réellement être sauvegardé
Une stratégie de sauvegarde fiable commence par une question simple : que faut-il protéger en priorité ?
Dans de nombreuses entreprises, la sauvegarde repose sur des habitudes historiques : copier un répertoire, exporter une base, sauvegarder un serveur. Pourtant, l’environnement numérique a profondément changé.
Les données critiques ne se limitent plus aux fichiers internes :
- configurations applicatives,
- bases de données métiers,
- serveurs virtualisés,
- applications utilisées au quotidien,
- données hébergées dans des services cloud,
- fichiers partagés dans des environnements collaboratifs,
- comptes de service indispensables au fonctionnement des systèmes.
Sans une cartographie claire et actualisée, la sauvegarde devient partielle — et donc trompeuse. Une stratégie moderne implique de définir précisément les périmètres : ce qui est vital, ce qui est utile, ce qui est optionnel. Cette distinction change tout une fois confrontée à une restauration d’urgence.
Définir les objectifs de restauration : RPO et RTO
Après l’identification des données, vient la question centrale : combien de temps et de données l’entreprise peut-elle se permettre de perdre ?
Deux indicateurs structurants encadrent cette réflexion :
- RPO (Recovery Point Objective) : quantité maximale de données pouvant être perdues.
- RTO (Recovery Time Objective) : durée maximale pour restaurer et redémarrer les systèmes.
Dans les PME et ETI, ces notions sont parfois floues ou implicites, alors qu’elles représentent des décisions stratégiques. Un RPO de 24 heures peut être acceptable pour certains services, mais totalement inenvisageable pour un outil métier essentiel. De même, un RTO de 4 heures peut sembler raisonnable… jusqu’au jour où la restauration prend 36 heures.
Une politique de sauvegarde efficace s’aligne donc sur les enjeux métier, pas l’inverse. Elle s’appuie sur des arbitrages clairs entre rythme de sauvegarde, capacité de stockage, rapidité de restauration et contraintes opérationnelles.
Appliquer une stratégie multi-niveaux : le principe du 3-2-1
La règle du 3-2-1 reste la base de toute protection moderne :
- 3 copies des données,
- 2 types de supports différents,
- 1 copie externalisée.
Cette approche simple réduit drastiquement les risques : panne matérielle, erreur de manipulation, corruption de données, sabotage ou incident physique (incendie, dégât des eaux). Dans un contexte de cyberattaque, elle prend une dimension supplémentaire : la copie externalisée devient souvent la seule assurant la continuité.
La segmentation est essentielle. Conserver toutes les copies dans un même espace réseau, un même datacenter ou un même cloud revient à concentrer le risque. Une véritable stratégie 3-2-1 sépare les environnements, isole les supports et crée des barrières logiques contre la propagation d’une attaque.
Adopter l’immuabilité : protéger les sauvegardes contre les attaques modernes
Les attaques actuelles ciblent systématiquement les sauvegardes avant d’enclencher un chiffrement ou un sabotage. Sans protection renforcée, les copies sont détruites ou altérées, rendant toute restauration impossible.
C’est ici qu’intervient le concept d’immuabilité : une sauvegarde qui ne peut ni être modifiée, ni supprimée pendant une période définie, même par un administrateur.
Cette fonctionnalité, autrefois réservée à des infrastructures coûteuses, est désormais accessible dans de nombreux environnements.
L’immuabilité apporte plusieurs garanties clés :
- protection contre les attaques internes et externes,
- préservation de la copie même en cas de compromission d’un compte privilégié,
- capacité à restaurer malgré un chiffrement global du SI.
Dans un contexte de montée des attaques ciblées, c’est l’un des piliers les plus puissants de la résilience numérique.
Ne pas confondre haute disponibilité et sauvegarde
Avec la généralisation du cloud, une confusion persistante s’est installée : disponibilité ne signifie pas sauvegarde.
Une application SaaS peut afficher un taux de disponibilité élevé, tout en étant incapable de restaurer des données supprimées, corrompues ou modifiées. Une erreur humaine peut donc entraîner une perte définitive.
La question essentielle devient : où se trouvent réellement vos données ?
Dans beaucoup de cas, les entreprises découvrent qu’aucune sauvegarde indépendante n’existe pour leurs :
- emails,
- documents collaboratifs,
- données CRM,
- données stockées dans des applications cloud spécialisées.
Une politique de sauvegarde moderne doit intégrer cette réalité et prévoir, lorsque nécessaire, des solutions complémentaires pour les environnements critiques hébergés en cloud.
Tester régulièrement les restaurations
Une sauvegarde n’est fiable que si elle est testée.
Pourtant, dans de nombreuses organisations, les tests sont rares, partiels ou inexistants. Restaurer un simple fichier ne suffit pas : il faut valider la restauration d’une base, d’un serveur complet, d’une configuration ou d’un environnement applicatif.
Les tests réguliers permettent de :
- vérifier l’intégrité des données,
- contrôler la vitesse de restauration,
- identifier les points faibles,
- ajuster les procédures,
- garantir la capacité réelle à redémarrer après un incident.
Une politique de tests trimestrielle, documentée et suivie, transforme une sauvegarde théorique en véritable assurance opérationnelle.
Intégrer la sauvegarde dans une démarche organisationnelle
La sauvegarde n’est pas uniquement une question de technologie. Elle repose sur des responsabilités, des procédures et un pilotage.
Une organisation résiliente définit clairement :
- qui supervise les sauvegardes,
- qui valide les tests de restauration,
- qui analyse les journaux d’exécution,
- qui documente les procédures,
- qui remonte les alertes en cas d’échec.
Sans cette dimension humaine et organisationnelle, la meilleure solution technique reste insuffisante. La continuité dépend autant de la rigueur des processus que de la fiabilité des outils.
Construire une stratégie de sauvegarde alignée sur la résilience globale
La sauvegarde n’est pas un élément isolé. Elle s’inscrit dans une stratégie plus large :
- gestion des incidents,
- PCA/PRA,
- cartographie du SI,
- gouvernance des accès,
- gestion des risques liés au cloud ou au Shadow IT.
Une politique de sauvegarde efficace complète ces dispositifs et assure le lien entre prévention, protection et reprise.
Lorsqu’elle est bien conçue, elle devient un véritable atout de résilience, capable de limiter l’impact d’un incident et d’accélérer le retour à la normale.
Conclusion
La sauvegarde est l’un des fondements de la sécurité du système d’information. Elle garantit non seulement la protection des données, mais aussi la continuité, la crédibilité et la sérénité de l’organisation. Une stratégie efficace repose sur des principes simples : bien identifier les données critiques, segmenter les environnements, intégrer l’immuabilité, tester régulièrement et inscrire la sauvegarde dans un processus global.
La sécurité n’existe pas sans capacité de restauration. Et une restauration n’est possible que grâce à une sauvegarde réellement maîtrisée.
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Avis de sécurité
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FAQ – Sauvegarde & résilience du SI



